Les contes cachent et révèlent.
Derrière des récits dont les ambiguïtés sont souvent émoussées tant on les a répétés, tant on les a adaptés, ils abordent en leur langage symbolique des thèmes graves. Ils osent. Ils osent dire que les enfants sont quelquefois mal aimés. Que des pères tentent d’abuser de leur fille. Que la violence peut être au cœur d’une relation conjugale. Que la cruauté n’a pas de limites. Que la jalousie peut conduire à des comportements criminels. Que la vie est si douloureuse parfois que la mort est le seul réconfort. On aura reconnu ici Jeannot et Margot et le Petit Poucet abandonnés dans la forêt par leurs parents. Peau d’âne et Barbe bleue de Charles Perrault. Le Conte du Genévrier des frères Grimm. Blanche Neige. La Petite fille aux allumettes d’Andersen. Au cours de la formation, on se propose de réfléchir au conte, qui, entre fable et nouvelle, se caractérise par son « épaisseur glauque », pour reprendre la terminologie de Michel Tournier. Ce qui l’autorise à aborder des thématiques qui, exprimées sous une autre forme, apparaîtraient comme traumatisantes. Si le conte invite à prendre conscience de pareilles situations, il montre également que des solutions existent.
On rappellera ici le poème d'Éluard :
La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l’affirme
Au bout du chagrin une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler faim à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie à se partager
Seront analysés les contes cités en texte intégral, dans des versions illustrées qui mettent parfois en évidence l’actualité du propos. Pour ouvrir à d’autres traditions on ajoutera, par exemple, Baba Yaga qui appartient à la culture russe.